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Les Joyaux de la Couronne au Muséum d'Histoire Naturelle

Le 19 Décembre 2014, le Museum d’Histoire Naturelle de Paris a ouvert sa nouvelle galerie de minéralogie et de gemmologie. Dix années de fermeture nécessaires pour redonner un écrin digne de ce nom à l’une des plus riches collections du monde. Mais cette ouverture, bien que discrète, permet de présenter pour la première fois au public, une partie des Joyaux de la Couronne de France. Une collection d’intérêt scientifique et historique, ressortie des réserves du Museum et qui avait bien failli disparaître à tout jamais à la fin du XIXème siècle.

En effet, du 12 au 23 Mai 1887, eu lieu dans la salle des Etats du Musée du Louvre, la plus scandaleuse et désastreuse décision prise par cette nouvelle IIIème République : la vente des Diamants de la Couronne de France. Neuf vacations durant lesquelles les joailliers et les acheteurs fortunés du monde entier, vont se battre afin de disperser la plus grosse collection de joyaux du monde.

Mais dans ce malheur, la France a eu néanmoins un moment de lucidité. Pour les experts et scientifiques, il était impossible de mettre en vente certaines pierres non montées et bijoux de par leurs raretés, leurs importances historiques et leurs qualités scientifiques. C’est ainsi que plusieurs merveilles furent donc transférées entre trois institutions : le Musée du Louvre, le Museum d’Histoire Naturelle et l’Ecole des Mines.

Le Museum d’Histoire Naturelle avait déjà reçu un premier dépôt en 1796, au moment de la Révolution Française, de pierres fabuleuses provenant des collections royales et de la noblesse de l’Ancien Régime. Ce nouveau dépôt de 1887, aura permis d’enrichir les collections avec des pierres non montées de qualité exceptionnelle chargées d’histoire. La nouvelle vitrine des Joyaux de la Couronne dans cette exposition « Trésors de la Terre », accueille la plus belle partie de cette prestigieuse collection.

On peut y admirer le fameux Grand Saphir de Louis XIV de 135 carats. La légende prétend que ce saphir aurait appartenu auparavant à une grande famille romaine, les Ruspoli. Mais les recherches actuelles ont démenti cette hypothèse. Il ne fut pas acheté mais offert au roi en 1669 par David Bazu, grand joaillier d’Amsterdam qui accompagnait Tavernier dans ses lointaines expéditions. On sait qu’il se trouvait dans les collections royales au moment de l’inventaire en 1691. Louis XIV avait volontairement décidé de garder la forme naturelle de la gemme. Il porta le saphir en épingle de cravate en même temps que sa parure de pierres de couleur. Louis XV avait failli le faire retailler, mais il choisira le fameux diamant Bleu pour sa Toison d’ Or. Il fut dérobé durant le vol des diamants de la Couronne en 1792 mais sera retrouvé pour l’inventaire de Décembre de la même année. Il sera choisi par Daubenton en 1796, parmi d’autres gemmes, afin d’intégrer les collections du Museum.

En 1669, Louis XIV acheta deux topazes, dont une de 28 carats fut transférée au Museum en 1796. En 1791, au moment de l’inventaire, il y avait une seule émeraude de 17 carats dans les collections des diamants de la Couronne. Elle avait été achetée par Louis XIV qui la portait en bouton de chapeau. Par la suite, elle fut utilisée sur l’une des deux épaulettes d’une parure de la Reine Marie Leczinska. Elle intégra également en 1796 les collections du musée. Cette même année, le Museum reçu également le saphir bicolore de 19 carats, autrefois porté en bague par la Reine Marie Leczinska.

Parmi les pierres déposées en 1887, on pourra bien évidement admirer une des deux grandes opales de Louis XVIII de 77 carats. Elle avait auparavant ornée l’agrafe du manteau du sacre de Charles X en 1825. Elle fut démontée en 1853 et fut entourée d’une ligne de 48 petits brillants par l’impératrice Eugénie la même année. Le Diamant-Portrait de l’impératrice Marie-Louise fut acheté avec un deuxième quasiment identique, en Mai 1810 à Nitot, afin de former les plaques centrales d’une paires de bracelets pour la parure de diamants. Cette taille particulière, servait à couvrir une miniature. On peut supposer que l’impératrice ai voulu y placer dessous, le portrait de son fils, le Roi de Rome. Le deuxième Diamant-Portrait fut vendu lors de la vente des joyaux.

L’améthyste de 35 carats est l’un des rares témoignages d’une parure créée sous le Premier Empire. En effet, le joallier Nitot livra le 7 octobre 1811, une parure d’améthystes et de diamants destinée à enrichir le trésor de la couronne. 235 améthystes composaient cette commande destinée à la nouvelle Impératrice Marie-Louise. Louis XVIII, décida de démonter l’ensemble et les pierres restèrent inutilisées jusqu’au Second Empire. En 1864, on utilisa quelques une des ces pierres, dont quatre des cinq plus importantes, pour la réalisation de la grande ceinture et de la berthe de pierreries. L’ensemble fut malheureusement dispersé lors de la vente en 1887. Néanmoins une sélection d’améthystes, fut déposée entre l’école des Mines et le Museum. Ce dernier put enrichir ses collections avec une sélection de 12 améthystes pour un total de 168 carats, dont celle exposée, qui était la plus importante de la parure de Marie-Louise.

Le Museum avait également reçu 19 topazes roses qu’il avait acquis avant 1811 dans le but de réaliser une parure de « rubis du Brésil » et de diamants pour Marie-Louise. L’école des Mines en reçu quand à elle 49. Pour la réouverture de cette nouvelle vitrine, l’école des Mines a généreusement prêté au Museum une partie de son fond, afin de pouvoir reconstituer une parure du XIXème siècle. Cela dans le but de nous permettre d’imaginer la richesse des joyaux réalisés pour la deuxième épouse de Napoléon 1er

Cette principale sélection de pierres d’importances fut donnée au Museum avec une quantité d’autres pierres secondaires non montées, certaines visibles dans cette vitrine et d ‘autres dans les collections du musée. Mais malheureusement il est difficile de savoir exactement lesquelles proviennent des Diamants de la Couronne pour ces dernières. En effet, des 1897, elle furent séparées et mélangées de manière didactique, sans notation. C’est à partir de 1903, que les catalogues du Muséum seront plus précis dans les descriptifs et l’inventaire des pièces de ses collections. On se consolera en se disant que bien qu’elles soient mélangées, ces pierres sont toujours en France dans les collections nationales du Museum.

Cette nouvelle vitrine nous permettra de découvrir jusqu’en 2019, les plus importantes et célèbres gemmes de la Couronne que cette institution avait reçu en 1887. Des pièces exceptionnelles de par leur histoire et leurs qualités qui ont fait le prestige et la grandeur de la France.


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