Au beau milieu d’un carrefour, encastrée entre le boulevard périphérique et l’imposant Palais des Congrès, une petite chapelle semble avoir été posée la un peu par hasard. Et pourtant cet emplacement incongru n’est pas dû au hasard mais à la volonté d’une famille royale, afin de rendre hommage à un être cher trop tôt disparu, Ferdinand-Philippe d’Orléans.
Né le 3 septembre 1810 à Palerme, il est le premier des dix enfants du roi Louis Philippe 1er et de la reine Marie-Amélie. A sa naissance, il portera le titre de Duc de Chartres, puis lorsque son père devient Roi des Français en 1830, il prend le titre de Duc d’Orléans ainsi que celui de Prince Royal de France et Héritier de la Couronne.
Nous sommes à Paris le 13 juillet 1842, le prince avait conduit quelques jours plus tôt son épouse, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, Duchesse d’Orléans, prendre les eaux à Plombières. Il décida de quitter le Palais des Tuileries et de se rendre au Château de Neuilly afin de saluer ses parents avant son départ pour Saint-Omer, où il devait inspecter son régiment dont il venait de recevoir le commandement en chef.
La calèche tirée par deux chevaux commence à prendre l’itinéraire habituel, mais à l’extrémité de la Route des Ternes (actuelle place de la Porte-des-Ternes), Le Duc décida de prendre la rue de la Barrière-Du-Roule (actuelle rue de Sablonville) au lieu de la rue de la Révolte (actuel boulevard Pershing). C’est à ce moment là, que les chevaux se cabrèrent et s’emballèrent. Suite à quoi, le prince sauta sur la route mais se fractura violement le crâne. Malgré ce qu’on a pu croire, le prince ne s’est pas élancé de la calèche, mais il en a plutôt été projeté, ce que révèle le rapport d’autopsie de l’époque.
Inanimé, il fut transporté en toute hâte dans l’arrière boutique de l’épicerie Cordier, située au n°4 de la rue de la Révolte. La famille royale fut prévenue en urgence et arriva avant que le Prince, héritier de la couronne, ne rende son dernier soupir, quelques heures plus tard, à l’âge de 32 ans.
Le 3 Aout 1842, eu lieu un service funèbre solennel à Notre-Dame-de-Paris, avant que la dépouille du Prince, ne soit transférée dans les caveaux de la chapelle Royale de Dreux, nécropole ancestrale de la famille d’Orléans.
Cet accident mortel, marquera profondément le roi et la reine. C’est pourquoi, afin d’honorer sa mémoire, Louis Philippe 1er ordonna la même année, la construction d'une chapelle à l’emplacement même de l’épicerie où mourut le Prince, devant le bastion n°50 de l’enceinte fortifiée par Thiers. Terminée en 1843, la chapelle construite en forme de croix, a été édifiée par les architectes du Roi, Lefranc et Fontaine, dans un style néo-byzantin rappelant les anciens tombeaux.
De petite dimension, elle n’en présente pas moins une décoration intérieure remarquable et assez riche. Sculpté dans le marbre en 1842, le cénotaphe du Duc d’Orléans est du à l’artiste Henri Triqueti, d’après les dessins d’Ary Scheffer. Revêtu de son uniforme d’officier général, le prince est représenté, au moment de sa mort, étendu sur un matelas. Ce même artiste a également réalisé la descente de la croix présente dans le cœur de la chapelle.
Pour rendre cet ouvrage encore plus symbolique, le tabernacle de l’hôtel de la vierge était situé au même endroit où le prince expira. On installa un ange en prière, une des dernières œuvres de sa sœur, l’artiste et princesse Marie d’Orléans, disparue en 1839.
Quand aux vitraux, exceptionnels, ils ont été réalisés dans les ateliers de Sèvres, d’après les cartons d’Ingres conservés aujourd’hui au musée du Louvre. L’artiste a représenté la famille royale, sous les traits des Saints Patrons. La Chapelle a été classée Monument Historique en 1929.
Plus d’un siècle plus tard après sa construction, la chapelle se trouva au milieu des plans d’aménagements et de constructions du nouveau Palais des Congrès et du souterrain de la Porte Maillot. Il fut donc décidé en 1974, de déplacer la chapelle d’une centaine de mètres et de la reconstruire pierre par pierre au n°25 du Boulevard Pershing sur la place du Général-Koening à la porte des Ternes.
Un accord fut conclut entre le Comte de Paris, la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris et l’archevêché, afin d’installer sous le nouvel emplacement de la chapelle, une grande crypte et plusieurs locaux. Grace à cet acte, le cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris a pu ériger la chapelle en paroisse. La Chapelle Saint-Ferdinand prit donc le nom, le 31 Octobre 1993, de Notre-Dame-de-Compassion.