Alicia et Nélie.
Deux femmes, deux collectionneuses, à deux époques, que tout sépare mais habitées par une même passion: l’acquisition d’œuvres d’art afin de constituer une collection unique, éclectique et surtout propre à leurs gouts et à leurs personnalités.
Adolescente, Alicia KOPLOWITZ fait l’acquisition d’une porcelaine de Sèvres à l’hôtel Drouot à Paris à l’âge de 17 ans. Sans vraiment le savoir, ce premier achat sera le point de départ d’une aventure qui aboutira à la création de la plus importante collection privée d’Espagne. Elle n’aurait jamais imaginé, quelques décennies plus tard, exposer sa collection dans cet incroyable écrin qu’est le musée Jacquemart-André.
Et pourtant, cela fut une évidence pour Alicia KOPLOWITZ d’exposer, afin de faire découvrir au public et pour la première fois dans une exposition qui lui est entièrement consacrée, une partie de sa collection dans la demeure-musée du plus célèbre couple de collectionneurs de la fin du 19eme siècle à Paris.
Espagnole, d’origine polonaise, Alicia KOPLOWITZ a grandi entre une famille sensible à l’art et les galeries du Prado de Madrid. Elle voyage, beaucoup, ce qui lui permet d’enrichir sa culture et de développer son œil aiguisé.
Héritière avec sa sœur de l’une des plus importantes sociétés espagnoles de BTP créée par leur père, Alicia décida rapidement de constituer une collection hétéroclite par ses choix mais animée par une chose essentielle : la passion.
La création de sa société d’investissement, Grupo Omega Capital, va lui en donner les moyens et lui permettre de constituer ce patrimoine artistique exceptionnel.
Pour ses choix, contrairement à ceux de Nélie Jacquemart, qui étaient davantage orientés sur la Renaissance Italienne, donc antérieurs à son époque, Alicia KOPLOWITZ a une prédilection pour l’art moderne et contemporain. Bien qu’elle soit tout aussi sensible à l’art du 17ème et 18ème siècles, elle se devait afin de respecter les traditions de collectionneurs espagnols, de posséder une sélection d’antiques. Mais l’art Espagnol domine incontestablement cette collection.
Cette exposition s’organise autour d’un axe chronologique artistique. Alicia KOPLOWITZ, avec l’aide des conservateurs, a dû sélectionner 53 œuvres sur pratiquement 200 œuvres que compose sa collection.
La splendeur de l’art espagnol du 15ème, 16ème et 17ème siècles est représentée par les plus grands artistes de leurs époques comme Francisco de Goya en premier, Morales et Zurbaran, mais également par des artistes moins connus comme Juan Pantoja De La Cruz et Manuel Camaron y Melia. De Goya, l’exposition présente trois tableaux sur les quatre de cette collection, dont l’attaque de la diligence, récemment acquis. La précision des détails et la qualité du portrait de la Duchesse de Bragance par Juan Pantoja de la Cruz méritent une attention particulière.
Les maitres italiens du 18ème siècle sont également présents par des dessins et des pastels de Tiepolo ainsi que des portraits de Rotari. Venise, la sérénissime pendant le siècle des Lumières est immortalisée par des Guardi et des Canaletto.
L’Art Moderne est présent par les plus grands artistes de ce courant révolutionnaire. La liste des artistes est autant incroyable que prestigieuse. Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Picasso se mélangent avec Kees Van Dongen, Egon Schiel, Nicolas de Stael et Modigliani.
A titre de témoignage, le Van Gogh ainsi que le Toulouse-Lautrec présentés, sont passés dans la Galerie du grand-père d’Anne Sinclair, Paul Rosenberg,
L’Art Contemporain clôture cette exposition. Alicia KOPLOWITZ a une prédilection pour les artistes espagnols comme Antonio Lopez, Julio Gonzales, Miquel Barcelo et Antoni Tapies entre autre. Pour l’international, Williem de Kooning, Rothko, et les sculptures de Giacommetti, de Louise Bourgeois et de Germaine Richier, y ont une place de choix.
La collection de Alicia KOPLOWITZ peut être considérée pour certains comme une recherche d’accumulation de grands noms d’artistes sans vraiment respecter une unité particulière. Mais contrairement à d’autres collections, ce qui rend celle-ci unique c’est la qualité et la pertinence du choix des œuvres d’art qui la composent mais surtout la représentation d’un goût personnel, féminin, dictée par les émotions et la passion que suscitent l’art sur l’Homme.
L'exposition s'est tenue au Musée Jacquemart-André à Paris, du 3 mars au 10 juillet 2017.